Je me souviens avec émotion de cette exposition en 2006 qui confrontait les tableaux des deux peintres et amis que furent Cézanne et Pissarro. Et c'est avec délices que je replonge dans les paysages bucoliques peints Camille Pissarro (1830-1903), le fondateur de l'impressionnisme.
L'exposition du Luxembourg rassemble une centaine de tableaux, dessins et gravures réalisés à Eragny- sur-Ept , entre 1884 et 1903. Elle illustre une période moins connue de la carrière de l'artiste et nous révèle de magnifiques chefs-d'oeuvres.
Après des années marquées par de nombreuses errances aux quatre coins de la France, Camille Pissarro se retire dans le village d’Eragny-sur-Epte où il fait l'acquisition d'une belle maison, grâce à un prêt octroyé par son ami Claude Monet. Il y demeurera jusqu'à la fin de sa vie.
Amoureux de la lumière et de la couleur, Pissarro ne se lasse pas de peindre son environnement, au rythme du temps, des heures et des saisons. Ses paysages sont souvent animés de personnages évoquant le travail des paysans. Il aborde de nouvelles techniques comme l'aquarelle et s'essaye au pointillisme.
La vie que mènent Pissarro et sa nombreuse famille correspond aussi aux convictions anarchistes du peintre : pour lui, autonomie et travail collectif vont de pair.
Loin des soucis et des rumeurs de la ville, un magnifique bain de nature, sublimé par le talent de l'artiste et dont les photos que j'ai prises ne sont qu'un pâle reflet.
Une exposition à ne pas rater!
Effet de neige à Eragny- La route de Gisors (1885)
L'abreuvoir (1884)
Coup de coeur pour la composition et la lumière des Coteaux de Gisors (1884)
Paysannes ramassant des herbes (1886)
Belles perspective, couleurs et lumière dans La maison Delafolie(1889) peinte en été
A partir de cette date, Pissarro abandonne la technique post-impressionniste.
En 1889, Pissarro entreprend un projet audacieux : la réalisation d’un album de vingt-huit illustrations anarchistes réalisées à la plume, intitulé Turpitudes sociales
Soleil couchant, automne, Eragny (1886)
La moisson à Eragny (1887) gouache
Encore un coup de coeur!
Paysage avec maisons et murs de clôture, givre et brume (1892)
Gelée blanche, jeune paysanne faisant du feu (1888)
Vue de Bazincourt, effet de neige,soir (1896)
Un pur régal, les oppositions et les nuances de tons !
Coup de coeur pour " La cueillette des pommes"(1887)
dont ce détail est en lui-même un petit tableau !
Faneuses, le soir (1893)
Ah, cet éclairage rasant qui s'accroche aux contours des silhouettes des personnages et des meules..!
Etudes de scène avec des paysannes récoltant des pommes (1894-1895)
stylo , encre de Chine et crayon à mines
A Eragny, dans mon pré, soleil couchant (1894)
Oh, ces nuances de verts vibrant dans la lumière !
Le bain de pieds (1895)
Et comment ne pas craquer comme Dandylan pour ce tableau sublime ... Composition, reflets dans l'eau et rayon de lumière, un pur régal!
Le pré à Eragny (1895)
L'escalier, coin de jardin à Eragny (1897)
Encore un coup de coeur pour l'atmosphère de cette scène et ses subtils jeux d'ombres et de lumière!
Après -midi de printemps, temps gris, Eragny (1898)
J'aime l'atmosphère , à la fois douce et mélancolique qui se dégage de ce tableau. Et puis aussi la composition, avec la diagonale du chemin herbeux et les deux silhouettes qui traversent le paysage
Le jardin potager et le clocher d'Eragny (1899)
Ici, on vit en autarcie et Le jardin d'Eragny (1898) m'a rappelé celui de Caillebotte à Yerres.
"En art, la grande affaire est d’émouvoir, que ce soit par des touches rondes ou carrées, des virgules ou des glacis (…)
M. Pissarro ne ressemble ni à M. Claude Monet, ni à M. Sisley. (…)
Peu de paysagistes ont, comme lui, le sentiment juste, sain et superbe des choses agrestes. Il rend l’odeur, à la fois reposante et puissante de la terre".( Octave Mirbeau )
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