...dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye qui abrite le Musée d'Archéologie Nationale. Ce chef d'oeuvre de l'architecture gothique édifié par Saint-Louis dans la première moitié du 13° siècle aurait servi de modèle à la Sainte-Chapelle de Paris.
Un an déjà , la douleur est toujours là... Je n'oublie rien mais aujourd'hui, je peux te remercier ouvertement, Poète...
C’est dingue que tu sois partie comme ça. J’ai de la buée jusque dans mes cheveux. Comment vais-je faire cette fois, pour me faire à ce coup du sort ?
Tu n’étais pas prête à me quitter. Je n’étais pas prête à m’habituer sans toi.
J’étais un peu heureuse, je me retrouve comme une vieille branche qui a perdu un seul fruit mais la moitié de ses pépins. J’ai été heureuse de te connaître, ma sœur.
Tu es partie il y a quelques minutes, et pourtant, c’est derrière mes larmes que tout défile.
Ces années passées.
Mon enfance que tu prenais, balançais, mijotais en bandoulière lorsque tu me faisais danser autour de toi comme une petite sœur.
Je n’ai plus envie de dire, plus envie de parler, je suis triste, et moribonde comme le petit lit blanc tout lisse où ton existence ne froisse plus le moindre pli sur mon visage retombé.
Ça s’affaire, ça court ça clignote rouge, ça opère, ça indique tel ou tel service en un sourire pressé, ça raconte sa soirée de la veille au bout du couloir, ça pleure le premier cri de la vie à l’étage des maternités.
Ton lit vide. L’hôpital hurle à la mort pour moi. Ton silence est un silence de toute part. Je n’entends même plus que je crie, et j’erre en parcourant l’immensité vitreuse qui se présente devant moi.
Des bourdons de mémoire résonnent en moi. J’ai la tête qui fait des milliards de tours sur elle-même, en te cherchant des yeux non ce n’est pas vrai c’est un mauvais rêve.
Si c’est vrai !
C’est vrai comme lorsque j’agrippais, tout sourire d’âme, tes index en forme d’aînée me pointant du doigt par amour déjà.
Tout défile. Dans le désordre et la souffrance.
Je glissai sur les couloirs, obstruant mon regard qu’on cherchait de sa compassion lorsqu’on me croisait. J’étouffai, j’avais besoin d’aller vomir dehors, sur les platebandes de l’hôpital cimetière.
Je me perdis en toi, et parmi les étages, ma colère amorphe aurait tant eu besoin de ta présence.
Dans le désordre et la souffrance.
J’entendais les derniers mots de ton langage devenu incapable. C’était avec mon prénom que tu avais hurlé à l’aide. Et je n’avais rien pu faire, si ce n’était t’encourager à mourir, car je t’aimais plus fort que tout, cette fois avec mon pouce vers le bas. Tu me comprenais. Tu comprenais ce que je ne te mentais pas, comme à notre habitude fraternelle et lucide.
Les longs couloirs étaient bondés de mes pas perdus au hasard en trébuchant sur la sortie, comme notre premier mensonge.
Tout défilait. Dans le désordre des souffrances.
Cribas, 16 février 2007
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