Au tournant du siècle à Montmartre, entre impressionnisme et Ecole de Paris, ces deux figures emblématiques de la bohème et de la Butte méritaient bien une exposition.
Elle, issue d'un milieu modeste, enfant naturelle d'une blanchisseuse, devint le modèle et la muse d'artistes et de peintres parmi les plus célèbres - Degas, Renoir, Toulouse-Lautrec, Puvis de Chavanne, Satie... Cette jeune femme libre, en avance sur son temps, à la personnalité très affirmée devint aussi la maîtresse de certains des peintres pour lesquels elle posait. Douée d'un talent réel- "Vous êtes des nôtres", lui dit Degas lorsqu'elle lui présenta ses dessins,- elle passa de l'autre côté du tableau pour peindre à son tour, s'inspirant des oeuvres et des conseils que lui prodiguaient ses amis. Les tons chauds de sa palette , les cernes noirs qui délimitent ses portraits évoquent les fauvistes même si elle n'appartient à aucune école.
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Lui, Maurice, fils de père inconnu, négligé par sa jeune mère de 18 ans, fut élevé par la grand-mère. Une enfance triste, solitaire et miséreuse qui le conduisit à l'âge de 14 ans à peine à sombrer dans une dépendance éthylique dont il ne sortira jamais. Autodidacte, ne se revendiquant d'aucun courant artistique, méprisé par l'Académie et par certains de ses confrères, souvent bagarreur, le peintre maudit de la Butte s'accrochera à la peinture comme à une bouée de sauvetage. Au total, plus de 4000 toiles répertoriées.. Et si, après les années de galère, il connut enfin la gloire, rien ne le tirera de sa terrible addiction.
Le choix judicieux de l'exposItion nous permet de découvrir une cinquantaine de ses toiles parmi les meilleures. Elles correspondent à la période blanche ( 1910-1914) marquée par l'utilisation du plâtre que le peintre ajoutait à sa palette pour rendre la blancheur des façades des maisons. Enfant de la Butte, il en a peint les moindres détails. Immeubles, magasins et bistrots peuplent les rues vides de ses tableaux aux tons ocres et laiteux. C'est une très belle réhabilitation que la Pinacothèque de Paris nous présente là et qui m'a réconciliée avec cet artiste.
"Utrillo et sa mère sont inconcevables l'un sans l'autre mais leur grand drame est qu'ils passeront leur vie à se rater", ai-je lu dans le petit journal de l'exposition...Dialogue posthume et émouvant enfin réalisé et la dernière image qui clôt l'expo et que je garderai aux fond des yeux, ce sont ces deux palettes côte à côte, signées Suzanne Valadon et Maurice Utrillo V...
Attention, même le premier jour, il y avait beaucoup de monde...
Pinacothèque de Paris
jusqu'au 15 septembre 2009
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