Au milieu du 19°siècle, Paimpol armait ses premiers morutiers pour l'Islande et les bancs de Terre-Neuve. Une importante flottille de bateaux quittait chaque année le port au début du printemps pour une campagne de pêche qui s'achevait à l'automne. Entre 1852 et 1953, cent-vingt d'entre eux firent naufrage dans les eaux froides de l'Atlantique nord avec à leur bord deux mille marins de Paimpol et de sa région. Le souvenir de Pierre Loti et des pêcheurs d'Islande y est encore bien vivant...
"Le quai de Paimpol, le lendemain matin, était plein de monde. Les départs d' Islandais avaient commencé depuis l' avant-veille et, à chaque marée, un groupe nouveau prenait le large. Ce matin-là, quinze bateaux devaient sortir avec la Léopoldine et les femmes de ces marins ou les mères étaient toutes présentes pour l' appareillage..."
Dans le cimetière de Ploubazlanec, le très émouvant mur des disparus égrène son long chapelet d'ex-votos en souvenir des marins qui, souvent poussés par la misère dès leur jeune âge, vouèrent à la Grande pêche leur existence.
Sur la route qui mène à Pors Aven, petit village de pêcheurs immortalisé par Pierre Loti , la chapelle de Perros Hamon qui date du 18° siècle a bien du charme avec ses murs de granit décorés de sculptures, son calvaire sobre, sa poutre de gloire modeste et ses belles statues polychromes. Le souvenir des marins disparus en mer est ici aussi très présent...
Sur la falaise qui surplombe la mer, au pied de la Croix des veuves, les femmes venaient faire un dernier adieu aux marins. C'est aussi là qu'à leur retour, elles scrutaient l'horizon, comptant les goélettes en espérant qu'il n'en manquerait aucune.
"...Et longtemps elle regarda, en silhouette sur la mer, s' éloigner son Yann. C' était lui encore, cette petite forme humaine debout, noire sur le bleu cendré des eaux et déjà vague, vague, perdue dans cet éloignement où les yeux qui persistent à fixer se troublent et ne voient plus... A mesure que s' en allait cette Léopoldine, Gaud comme attirée par un aimant, suivait à pied le long des falaises. Il lui fallut s' arrêter bientôt, parce que la terre était finie ; alors elle s' assit, au pied d' une dernière grande croix, qui est là plantée parmi les ajoncs et les pierres. Comme c' était un point élevé, la mer vue de là semblait avoir des lointains qui montaient, et on eût dit que cette Léopoldine, en s' éloignant, s' élevait peu à peu, toute petite, sur les pentes de ce cercle immense..."
Au pied de la falaise, la petite chapelle de la Ste-Trinité surveille la mer, ses îlots et ses écueils redoutables...
"Il ne revint jamais. Une nuit d' août, là-bas, au large de la sombre Islande, au milieu d' un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer..." (Pêcheurs d'Islande, Pierre Loti)
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